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Commercial Résidentiel
Publié le 13.02.25

Le moratoire sur les nouvelles constructions à Sherbrooke : une entrave à la résolution de la crise du logement ?

Hôtel de Ville de Sherbrooke, bâtiment patrimonial au style néo-Renaissance avec sa tour emblématique

La Ville de Sherbrooke a décrété un moratoire sur les nouvelles constructions pour une période de deux ans, en raison des infrastructures de traitement des eaux usées arrivées à pleine capacité. Cette décision prend en compte des enjeux écologiques et techniques. Toutefois, elle est vivement critiquée pour son impact potentiel sur la crise du logement dans la région.

Sherbrooke : une ville en pleine expansion freinée

Carte de Sherbrooke montrant les zones touchées par le moratoire sur la construction.

Sherbrooke, située en Estrie, est l’une des villes connaissant la plus forte croissance au Québec. Avec une population en constante augmentation, la demande en logements s’intensifie. Or, le moratoire de deux ans bloque le développement immobilier sur près de 30 % du réseau urbain, limitant ainsi les possibilités d’accès au logement pour de nombreux citoyens.

Cette décision a été prise pour permettre la modernisation des infrastructures de traitement des eaux usées. Toutefois, plusieurs experts et promoteurs immobiliers remettent en question l’opportunité de cette suspension, soulignant qu’elle pourrait aggraver une situation déjà tendue en matière de logement.

Crise du logement : un problème amplifié

La crise du logement n’est pas une réalité propre à Sherbrooke. Partout au Québec, dans plusieurs secteurs, et notamment à Montréal, l’offre locative ne suffit pas à répondre à la demande. À Sherbrooke, la situation est très préoccupante : le taux d’inoccupation des logements y est extrêmement bas, et de nombreux citoyens peinent à se loger convenablement.

“La Tribune souligne que Sherbrooke est devenue la risée du Québec à cause de cette décision jugée précipitée par certains experts.”

L’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec en Estrie (APCHQ) estime que près de 5 000 logements sont mis sur pause en raison du moratoire. Or, selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), environ 6 000 logements supplémentaires seraient nécessaires pour combler la demande actuelle. En stoppant la construction, la Ville risque donc d’empirer la crise du logement au lieu de la résoudre.

Estrie : un déséquilibre régional

L’impact du moratoire de Sherbrooke se fait sentir bien au-delà des frontières de la ville. L’Estrie, qui connaissait un essor immobilier important, voit désormais plusieurs promoteurs se tourner vers d’autres villes pour poursuivre leurs projets. Des villes voisines comme Magog, East Angus ou encore Saint-Denis-de-Brompton deviennent des zones alternatives pour le développement, ce qui pourrait provoquer une dispersion de la croissance régionale.

Cependant, délocaliser les constructions ne résout pas le problème du logement à Sherbrooke. En effet, de nombreux travailleurs et étudiants souhaitent vivre à proximité de leur lieu d’emploi ou d’études. En l’absence de nouvelles unités résidentielles, la pénurie de logements à Sherbrooke pourrait mener à une hausse importante des prix et accentuer les difficultés des ménages les plus vulnérables.

Des projets immobiliers compromis

Vue du quartier Bromptonville à Sherbrooke, l’un des secteurs touchés par le moratoire sur la construction, impactant le développement immobilier local

Le moratoire a des conséquences concrètes sur plusieurs projets d’envergure prévus à Sherbrooke dans plusieurs secteurs. Parmi eux, des projets de coopératives d’habitation destinés à des personnes à faible revenu sont mis en attente. Certains promoteurs avaient déjà amorcé les préparatifs avant l’annonce du moratoire et se retrouvent aujourd’hui avec des investissements bloqués.

“D’après Sherbrooke.info, plusieurs projets immobiliers sont menacés, notamment ceux destinés aux personnes en situation précaire.”

La Ville affirme travailler à des mesures d’atténuation pour accélérer les projets situés en dehors des zones concernées par le moratoire. Cependant, les détails de ces mesures restent flous, et plusieurs promoteurs expriment leur incertitude quant à la suite des développements.

Le rôle des élus face à la controverse

Réunion du conseil municipal de Sherbrooke discutant du moratoire sur les nouvelles constructions.

Les élus municipaux de Sherbrooke doivent composer avec une pression croissante. D’une part, la mairesse Évelyne Beaudin et la conseillère Annie Godbout défendent la décision en affirmant qu’elle est nécessaire pour assurer la viabilité à long terme des infrastructures. D’autre part, plusieurs citoyens et promoteurs demandent une révision de la politique pour accélérer les développements nécessaires.

Certaines voix suggèrent de revoir le Plan Nature de la Ville afin d’optimiser la gestion du territoire et permettre une meilleure cohabitation entre urbanisation et préservation écologique. De plus, une meilleure planification des infrastructures de traitement des eaux aurait peut-être pu éviter une telle crise.

Une décision à double tranchant

Le moratoire sur les nouvelles constructions à Sherbrooke vise à assurer une croissance durable et une meilleure gestion des ressources. Toutefois, son impact sur la crise du logement ne peut être ignoré en ce moment.

En suspendant temporairement le développement immobilier dans les divers secteurs, la Ville met en péril de nombreux projets qui auraient pu atténuer la pénurie de logements. Si aucune solution concrète n’est mise en place rapidement, les conséquences pourraient être lourdes pour les citoyens, les promoteurs et l’ensemble de la société sherbrookoise.

Il appartient maintenant aux élus et aux parties prenantes de trouver un équilibre entre préservation des infrastructures et réponse aux besoins pressants en logements. Une meilleure planification à long terme sera essentielle pour éviter que de telles décisions n’aient des répercussions négatives sur la qualité de vie des résidents de Sherbrooke.

À propos de l’auteur

Alexandre Boisvert

Courtier immobilier résidentiel et commercial à Sherbrooke | Spécialiste du marché immobilier en Estrie | Agence Immobilière IR

Avec des années d’expérience dans le domaine, je vous accompagne dans vos projets immobiliers pour garantir des transactions réussies.